02 Mai 2017 – « Vêture et textile en Afrique : de l'ancien au contemporain »

15 h Science Po Bordeaux

Se vêtir n’est pas un acte aussi anodin qu’il ne paraît. Des matériaux dans lesquels il est fabriqué au porteur, en passant par la manière dont il est taillé, le vêtement est un langage qui dit toujours quelque chose sur l’individu et la société. Il constitue ce que Roland Barthes qualifie de « réalité institutionnelle », ou de réserve normative dans laquelle l’individu puise sa tenue. Ses fonctions (protection, parure, pudeur, etc.) varient et évoluent selon l’âge, le sexe, le statut social, les moeurs.

Parler de vêtement, c’est aussi parler du matériau dans lequel il est taillé : le tissu. Le tissage est le paradigme même de l’harmonie dans le sens où il marie les contraires et les réconcilie comme le note Platon. Il l’assimile au politique qu’il élève au rang d’« art royal » et leur trouve beaucoup d’analogies.

Se vêtir recouvre deux niveaux de lecture : le tissu lui-même et le vêtement qui ont ouvert des champs disciplinaires spécialisés comme la sociologie du vêtement ou la psychologie des vêtements. Cette modeste exposition essaie se situer à ces deux niveaux.

Dans le hall de l’IEP (premier étage) sont exposés des boards wax, tissu généralement appelé « tissu africain ». La question est posée sur la pertinence et la validité de cette dénomination. Car, ce qui est considéré « tissu africain » est beaucoup plus régional ou ethnique que continental, il est par ailleurs plus artisanal qu’industriel, plus en matériau naturel que synthétique : le bogolan au Mali, Guinée, Burkina Faso ; le dan fani au Burkina faso ; le kente au Ghana, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin ; etc dont certains spécimens côtoient les premiers. Un défilé de mode dans l’atrium est proposé où les mannequins sont nos étudiantes et étudiants.

Tissu taillé (et porté) : un concentré paradigmatique des « mutations sociales » en cours Afrique au sens où l’entend Georges Balandier en termes de « puissance et de création collective ». Maîtrise de la matière textile. Appropriation. Peut-on alors, comme en linguistique, parler d’une « diglossie vestimentaire » au regard du comportement vestimentaire général sur le continent africain ? Dans tous les cas, le tissu parle, le vêtement parle. L’exposition nous invite à l’écoute de ce que D.-C. Martin appelle « objets politiques non identifiés » pour décrypter ici le langage, codé ou non, du tissu et de la vêture.

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