Prix Michel Seurat 2021 attribué à Gehad ELGENDY, doctorante an anthropologie à l'UB

  • 29/06/2021

Le Prix Michel Seurat, institué en 1988 par le CNRS, "vise à aider financièrement chaque année un jeune chercheur, ressortissant d’un pays européen ou d’un pays du Proche-Orient ou du Maghreb, contribuant ainsi à promouvoir connaissance réciproque et compréhension entre la société française et le monde arabe".

Depuis 2017, l’organisation du Prix a été déléguée au GIS Moyen-Orient et Mondes Musulmans, en partenariat avec l’IISMM-EHESS et Orient XXI. 2021 marque la 32ème édition du prix. 26 candidatures ont été reçues. 20 dossiers ont été déclarés éligibles et ont été examinés.

Le jury, désigné par la direction du GIS Moyen-Orient et Mondes Musulmans, s’est réuni en le 11 juin 2021 pour élire le lauréat. Suite aux délibérations, le prix est attribué à : Gehad ELGENDY, dont le projet de thèse s’intitule "Les "altérations" génitales féminines médicalisées en Égypte. Sexualité, médecine et gouvernement des corps", en préparation à l’Université de Bordeaux (faculté d’anthropologie sociale-ethnologie) sous la direction d’Isabelle Gobatto.

 Résumé de la thèse :

Cette thèse intitulée « Les ‘’altérations’’ génitales féminines médicalisées en Égypte. Sexualité, médecine et gouvernement des corps », en préparation à l’Université de Bordeaux sous la direction d’Isabelle Gobatto, se trouve à la croisée de l’ethnologie et de l’anthropologie sociale et culturelle. Mme Elgendy pose dans ce travail la médicalisation du corps féminin et des pratiques en relation avec la sexualité comme un phénomène social historique et diachronique, qu’elle appréhende sous l’angle des modifications ou des altérations génitales telles qu’elles se déploient dans la société égyptienne, et plus précisément dans l’Égypte urbaine. L’une des singularités de ces altérations est à trouver dans un continuum de pratiques qui se côtoient en milieu médical, allant de l’excision aux chirurgies cosmétiques. À partir d’ethnographies de ces pratiques, situées dans leur cadre signifiant, il s’agit dans ce travail de rendre compte des expériences vécues par les femmes autour de ces altérations/modifications d’une part, et des expériences des professionnels engagés dans ces interventions d’autre part. L’intention de la doctorante est d’étudier les représentations sociales de ces pratiques, et le sens qui leur est attribué par trois groupes d’acteurs : l’État, le corps médical, et les femmes, aux appartenances sociales diverses, qui sont à l’image de l’hétérogénéité de la société égyptienne. Elle entreprend également d’analyser les transitions culturelles contemporaines qui s’ancrent dans le corps et la sexualité des femmes, et conjointement les formes contemporaines de « gouvernement des corps » féminins modelés, à la fois physiquement et symboliquement, par une régulation publique et un « savoir technique » médical. Cette thèse, qui s’appuie sur une enquête de terrain prolongée menée à Alexandrie et au Caire, s’inscrit dans une pratique d’anthropologie réflexive et critique pour étudier les pratiques de modelage des corps (Guillaumin, 1992 ; Kilani, 1998 ; Martin et al., 2015), ici du corps féminin, et plus particulièrement du sexe des femmes. Elle s’inscrit également dans un courant de recherche féministe développé depuis une décennie dans la littérature anglophone (Pedwell, 2007 ; Jordal et Griffin, 2018 etc.) et plus récemment dans la recherche francophone (Erlich, 2007 ; Martin, 2014 ; Bader, 2018 ; Lesclingand, 2019). Ce courant interroge les termes de la comparabilité entre différentes pratiques de « modifications » génitales perçues comme opposées. La recherche de Mme Elgendy s’inscrit donc dans la filiation d’une anthropologie du corps, convoquant le genre, et l’étude de la fabrique de normes sociales.